Joy Rivault - Matrimoine Antiquité - Valorisation du Matrimoine Histoire et Archéologie de l’Antiquité
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Lumière sur les femmes

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À travers des anecdotes historiques, des portraits de personnages emblématiques et des épisodes mythologiques, je vous propose de suivre les destins de femmes, d’héroïnes de la mythologie et de déesses tout en leur redonnant la place qu’elles méritent dans l’histoire et dans les mythes.

Des jeux olympiques pour les femmes dans la Grèce antique ?

Religion

Tu as certainement suivi avec grande attention l’évènement de l’été 2024 : les Jeux Olympiques bien sûr ! Et cette année il faut bien reconnaître que les femmes ont été sacrément mises en avant. Et si on revenait un peu sur les origines de ces fameux jeux et surtout sur la place qu’y occupaient les femmes ? Allez viens, je te raconte l’histoire … 

Les jeux olympiques antiques, dont la fondation remonte au VIIIe siècle av. J.-C., incarnent l’idéal grec de l’excellence qui s’exprimait notamment à travers la compétition physique et la célébration religieuse. Et oui, ces festivités sont au départ organisées en l’honneur de Zeus Olympios, dans son sanctuaire à Olympie, d’où le nom de jeux olympiques. Ces compétitions étaient formellement réservées aux hommes, plus précisément aux hommes grecs de condition libre. Et pourtant, les femmes n’étaient pas non plus totalement exclues du sanctuaire. La réalité est bien plus complexe. 

Vue aérienne des vestiges du sanctuaire d’Olympie

Les jeux olympiques : un espace réservé aux hommes

Les règles concernant la participation des femmes aux jeux olympiques étaient strictes et codifiées. Les femmes mariées n’avaient pas le droit d’assister aux épreuves, sous peine de mort, carrément ! Cette interdiction, souvent interprétée comme une mesure visant à préserver le caractère sacré des jeux, témoigne de la conception que se faisaient les Grecs de la vie religieuse et sociale qui impliquait bien souvent une séparation des sexes. À Olympie, une partie de l’espace sacré était dédié à Zeus et réservée aux hommes. Les concours athlétiques qui lui été consacrés étaient donc considérés comme une célébration de la virilité et de la force physique masculines, qualités jugées essentielles pour honorer le dieu.

Copies romaines représentant des athlètes grecs, Musée du Louvre

Cette exclusion ne signifiait pas pour autant un effacement total des femmes de la scène olympique. Les jeunes filles non mariées pouvaient assister aux jeux, et cette permission reflète une certaine souplesse dans l’application des règles, montrant la complexité des attitudes grecques envers les femmes et le sport.

Il ne faut pas non plus oublier que le sport, de manière générale, était une activité réservée aux hommes dans la Grèce antique. Il occupait une place fondamentale dans l’éducation des garçons et il se pratiquait nu. Et oui, étymologiquement, le gymnase est le lieu où l’on doit se dévêtir (gymnos en grec signifie « nu »). On comprend donc mieux pourquoi les femmes dites « respectables » ne pouvaient définitivement pas assister aux compétitions sportives. 

Les jeux héraïques : des compétitions féminines

Bien que les jeux olympiques aient exclu les femmes des compétitions principales, une forme de participation féminine existait avec les jeux héraïques (ou Héraia). Organisés en l’honneur d’Héra, déesse du mariage, protectrice des femmes et épouse de Zeus, ces jeux se déroulaient également à Olympie. Réservés aux femmes, ces compétitions comprenaient principalement des courses à pied. Les jeunes filles, vêtues de tuniques courtes, adaptées pour l’occasion, couraient sur une distance équivalente à environ les 5/6 de la longueur de la piste masculine. 

Les jeux héraïques, bien qu’étant une compétition à part, suivaient un modèle olympique avec des récompenses symboliques telles que des couronnes d’olivier et des parts de la vache sacrifiée en l’honneur d’Héra. Ces jeux témoignent que, même dans une société patriarcale, des espaces pouvaient être consacrées aux femmes, leur permettant de participer à la vie religieuse et sociale de leur communauté.

La coureuse du Vatican, copie d’une athlète des Héraïa (?), Musée du Vatican

L’Aurige (conducteur de char) de Delphes, Musées de Delphes

Une victoire féminine aux jeux olympiques : l ’exemple de Cynisca

On connaît pourtant l’exemple d’une femme qui a participé (indirectement) aux jeux olympiques grecs. Il s’agit de Cynisca de Sparte. Cette princesse spartiate est entrée dans l’histoire au IVe siècle av. J.-C. en devenant la première femme à remporter une victoire olympique, non pas en tant qu’athlète mais en tant que propriétaire d’un attelage de chevaux. Les courses de chars, contrairement aux autres épreuves, accordaient la victoire au propriétaire de l’attelage et non au conducteur du char.

L’exemple de Cynisca montre que les femmes parviennent toujours à se faire une place et qu’il était donc possible de contourner les restrictions imposées par les normes sociales et religieuses de leur époque.

Copie romaine représentant Atalante, Jardin des Tuileries 

Le récit mythologique d’Atalante

La culture grecque offre aussi des aperçus sur la présence des femmes dans les compétitions athlétiques à travers les récits mythologiques. Atalante en est l’exemple le plus célèbre. Connue pour sa rapidité et sa force, elle est la seule femme à avoir participé à la chasse au sanglier de Calydon. Mais ce sont surtout ses prouesses à la course qui la rendent célèbre. Atalante est aussi parfois mentionnée comme ayant participé à des compétitions similaires aux jeux olympiques.

Ce mythe est ainsi révélateur d’une certaine fascination de la société grecque pour les femmes athlètes et suggère que, dans l’imaginaire collectif, l’idée d’une femme participant à des épreuves sportives n’était pas entièrement inconcevable.

On fait le point : la participation des femmes aux jeux olympiques antiques montre la complexité des normes sociales et religieuses de la Grèce antique. Si les femmes étaient majoritairement exclues des compétitions masculines, elles n’étaient pas totalement absentes de la culture sportive grecque. Les jeux héraïques, les rares récits de femmes propriétaires de chevaux, et les mythes de femmes athlètes montrent que, malgré les restrictions, il existait des espaces pour les compétences féminines dans le domaine sportif. Cette ambivalence témoigne d’une tension entre exclusion et inclusion, reflétant les contradictions d’une société où le sport était à la fois un privilège masculin et une occasion de dépassement individuel, quels que soient le sexe ou le genre. 

Image de présentation : Reconstitution du sanctuaire d’Olympie par J.- C. Golvin.